Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
263
LE CHIEN D’OR

ce vrai, Des Meloises ? Vous devez connaître le dessous des cartes ?

— Non, je ne sais pas, j’espère que cette rumeur est fausse. Qui sont ceux qui désirent la paix ? ce serait la ruine des amis du roi ici.

Des Meloises prenait autant que possible des airs d’homme d’État.

— La ruine des amis du roi ! qui sont-ils ces amis, Des Meloises ? répliqua Poulariez jouant parfaitement la surprise.

— Les associés de la grande compagnie, assurément ! En connaissez-vous d’autres ?

— Je croyais pouvoir compter le régiment du Béarn, pour ne pas parler du peuple honnête et bon, riposta Poulariez blessé.

Les honnêtes gens ? exclama Des Meloises. Alors, Poulariez, je n’ai qu’une chose à vous dire. Si c’est pour un tas de boutiquiers, de scieurs de bois, de savatiers et de fermiers qu’il nous faut garder la colonie, le plus tôt le roi renverra au diable ou aux Anglais, sera le mieux !

Poulariez eut un regard plein de courroux, mais les autres jetèrent un éclat de rire.

Le chevalier Des Meloises tira sa montre :

— Je devrais être au Palais, dit-il. À l’heure qu’il est Cadet, Varin et Penisault doivent avoir balancé les livres, et l’Intendant, qui mène la besogne en diable parfois, a peut-être partagé les dividendes pour le dernier quartier. C’est la seule partie qui m’intéresse.

— Mais ne les aidez-vous donc pas un peu ? demanda Poulariez.

— Non, je laisse cette besogne à ceux qui ont de la vocation. Au reste, je pense que Varin, Cadet et Penisault aiment bien à garder pour eux l’administration intime de la compagnie. J’espère que j’aurai un bon dividende dans ma poche ce soir. Éméric, je vous dois une revanche au piquet, n’est-ce pas ?

— Vous m’avez fait faire capot, la nuit dernière, à la Taverne de Menut et j’avais trois as et trois rois !