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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/276

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LE CHIEN D’OR

— Mais j’avais un quatorze, moi ! et j’ai emporté les jetons !

— C’est bien, chevalier, je les reprendrai ce soir. C’est une manière d’avoir ma part des dividendes et de me mêler aux affaires de la grande compagnie… Vous partez, définitivement ? Au revoir, alors ! rappelez-moi au souvenir de Sainte Blague.

C’était un sobriquet de l’Intendant.

— Si j’avais un héritier pour le vieux château de l’Adour, je voudrais l’appeler Bigot, pour la chance.

IV.

Le chevalier Des Meloises descendit la côte. Les jardins étaient enveloppés de calme : quelques flâneurs seulement se promenaient dans les larges allées bordées de fleurs, les sentiers tortueux et sur les terrasses élevées. Pas loin de là, s’étendaient les quais du roi et les magasins de la Friponne, tout grouillants d’un essaim de travailleurs qui chargeaient et déchargeaient les vaisseaux, empilaient ou distribuaient les marchandises.

Il jeta un regard de dédain sur les magasins, puis, en jouant avec sa canne, il monta lentement le grand escalier, et entra dans la salle du conseil.

— Mieux vaut tard que jamais, chevalier Des Meloises, lui dit Bigot.

Il alla s’asseoir avec Cadet, Varin, Penisault et les autres souverains de la compagnie.

— Vous êtes doublement heureux aujourd’hui, reprit encore l’Intendant, l’ouvrage est fait, et dame Friponne a distribué à chacun des actionnaires un œuf d’or digne de l’appétit d’un juif.

Le chevalier ne remarqua point ou ne fit pas semblant de comprendre le léger sarcasme.

— Merci bien ! fit-il. Je vais porter l’œuf chez Menut, ce soir, et s’il peut éclore, j’espère qu’il me restera autre chose que l’écale, demain.

— Et qu’importe ? ce que l’un perd l’autre le gagne. Cela reste dans la famille. Voyez, continua-t-il, en passant le doigt sur une page du grand livre