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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/293

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LE CHIEN D’OR

blanc comme un ange ! Et quelles plumes ! Madame Couillard elle-même avouait qu’elle était plus belle que son frère Claude.

— Oh ! Hortense ? Tout le monde chante ses louanges, exclama Angélique, en agitant violemment son éventail. Elle devient si aisément familière ! ajouta-t-elle ; si peu gênée, je devrais dire ! Elle se croit si fine ! Mais enfin elle réussit à se faire juger telle par les messieurs ! Je ne sais pas si l’héritier de Belmont pourrait acheter ses grands yeux noirs !

Angélique devenait injuste et cruelle. Elle était jalouse de la grâce et de a beauté d’Hortense de Beauharnois, et elle la redoutait comme une rivale dangereuse.

— Votre liste est-elle épuisée ? Lisette ! demanda-t-elle brièvement. Sans doute que les De Tilly, les De Repentigny, les De St. Luc et leurs tribus du sud et du nord, n’ont pas manqué une si belle occasion de s’unir aux honnêtes gens pour fêter les Philibert !

— Vous devinez juste, madame ; ils sont tous à Belmont. C’est ce qu’a remarqué madame de Grand’Maison. La ville est folle de Belmont ! Tout le monde y est allé. À part ceux que je vous ai nommés, il y a encore…

X.

Elle se mit à compter sur ses doigts.

— Il y a les De Beaujeu, les Contrecœur, les De Villiers, les…

— Pour l’amour de Dieu ! arrêtez ! s’écria Angélique, ou retournez à la bourgeoisie ! à la racaille ! à la rinçure de la Basse-Ville !

Angélique lançait quelquefois de ces paroles grossières. Elle disait qu’elle aimait à cribler un peu la société. Sa beauté était pétrie de boue. Elle pouvait, dans l’occasion, parler argot, dire des injures et fumer, en discourant sur les hommes et les chevaux, dans son boudoir, avec ses intimes compagnes.