CHAPITRE II.
LES MURS DE QUÉBEC.
I.
Le comte de la Galissonnière continua, accompagné des hommes distingués de sa suite, sa tournée d’inspection. Partout, on se découvrait pour les saluer ; partout on leur souhaitait la plus cordiale bienvenue.
Le peuple de la Nouvelle-France n’a pas encore perdu la politesse et l’affabilité naturelle qu’il a reçues de ses ancêtres.
Les colons travaillaient avec tant d’ardeur qu’ils semblaient sceller leurs âmes même dans ces murs de la vieille cité, et cependant, à mesure qu’ils reconnaissaient quelques uns des gentilshommes du gouverneur, ils engageaient avec eux une conversation amicale, presque familière.
— Salut, monsieur de Saint Denis ! fit vivement le gouverneur à un grand et élégant gentilhomme qui surveillait les travaux de ses censitaires de Beauport.
— Mains nombreuses petite besogne, dit le proverbe, Excellence !
— Cette splendide batterie que vous êtes à terminer mérite d’être appelée Beauport. Qu’en pensez-vous, monseigneur ? ajouta Son Excellence en se tournant vers l’évêque qui souriait, ne vaut-elle pas la peine d’être baptisée ?
— Oui, baptisée et bénite, répondit l’évêque, et je lui donne ma bénédiction épiscopale ! En vérité, j’ai la plus grande confiance en cette terre sacrée qui vient de l’Hôtel-Dieu ; elle supportera bien l’attaque.