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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/31

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le chien d’or

— Mille fois merci, monseigneur, fit le sieur de Saint Denis en s’inclinant profondément : quand c’est l’Église qui ferme la porte, Satan ne saurait entrer, les Anglais non plus !

Entendez-vous, mes amis ? continua-t-il, s’adressant à ses censitaires, monseigneur l’évêque baptise notre batterie du nom de Beauport, et nous assure qu’elle soutiendra bien le feu de l’ennemi.

— Vive le roi ! fût-il répondu. C’était le cri qui sortait spontanément de toutes les poitrines des Canadiens français, dans tous les dangers et dans toutes les allégresses.

Alors, un des plus hardis parmi les habitants, s’approcha du gouverneur, puis ôtant sa tuque rouge :

— C’est en effet, une bonne batterie, monseigneur, dit-il, mais il devrait y en avoir une pareille dans notre village. Donnez-nous la permission d’en construire une et de la garnir de monde, et nous vous promettons bien que pas un Anglais n’entrera dans Québec par la porte de derrière, tant qu’il y aura un homme de vivant pour la défendre.

Le bonhomme avait l’œil du soldat. Il avait fait le coup de fusil. Le gouverneur comprit l’importance de la remarque, et donna son assentiment sur le champ. Il ajouta :

— La ville ne trouvera nulle part de meilleurs défenseurs que ces braves habitants de Beauport.

Ce compliment flatteur ne fut pas oublié, et, quelques années plus tard, quand Wolfe vint assiéger la ville, les batteries de Beauport repoussèrent glorieusement ses intrépides soldats. Alors, sur les grèves voisines, tombèrent tant de braves grenadiers, tant de braves montagnards écossais, que le héros faillit en mourir de douleur.

II.

Les laborieux ouvriers aperçurent la figure familière et réjouie du supérieur des Récollets et ne purent s’empêcher de sourire :

— Bonjour, père de Berey, bonjour ! crièrent cent