Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
LE CHIEN D’OR

— Comme vous êtes bonnes d’être venues ! dit-il, et que de remerciements je vous dois !

— Nous ne pouvions choisir un meilleur jour, répliqua la jeune fille. Il aurait fallu un tremblement de terre pour retenir ma tante à la maison.

— Et vous, Amélie ? demanda Philibert.

Amélie baissa la tête : le regard de Pierre la brûlait.

— Oh ! moi, je suis une nièce obéissante… et j’ai accompagné ma tante. Il est si aisé d’aller où le cœur nous appelle !

Elle rougit en disant cela, mais après tout, elle n’avait dit que la vérité.

Elle retira sa main que Pierre tenait toujours.

— J’étais bien heureuse d’être témoin des hommages que vous recevez aujourd’hui, de la part de tout ce qu’il y a de noble et de bon dans notre patrie.

Tante de Tilly a toujours prédit votre grandeur !

— Et vous, Amélie ; qui me connaissez un peu mieux que votre tante, vous en avez toujours douté, n’est-ce pas ?

— Oh non !…

Au reste, un si bon prophète mérite une confiance sans bornes.

Pierre sentit courir dans tout son être ce frisson d’orgueil et d’ivresse, que tout homme éprouve au moment où il s’aperçoit que la femme qu’il aime, espère et se repose à jamais en lui.

— Vous ne savez pas comme votre présence m’est douce ! balbutia-t-il.

Rien non plus, n’était doux à Amélie comme cette parole de l’homme bien-aimé.

Elle ne fit pas semblant d’entendre, cependant, et elle répliqua avec une apparente indifférence :

— Le Gardeur est bien fier d’être votre ami aujourd’hui. Philibert effleura de ses lèvres la main de la jeune fille. C’était cette main angélique, pleine de force sous son apparence frêle, qui avait façonné sa des-