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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/325

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LE CHIEN D’OR

peler ma fiancée. Maintenant, va danser et t’amuser jusqu’au jour…

Il l’embrassa, la reconduisit à la salle du bal et partit pour la ville.

XXI.

Amélie raconta à sa tante ce qui venait de se passer. Madame de Tilly parut surprise et désolée.

— Penser que Le Gardeur va demander la main de cette terrible jeune fille ! exclama-t-elle… j’espère qu’elle le refusera. Si ce que j’ai entendu dire est vrai, elle le refusera.

— Ce serait le malheur de mon frère, tante ! répondit Amélie, avec tristesse. Vous ne savez pas comme il est résolu…

— Non, mon Amélie, son malheur serait d’être accepté. Le Gardeur peut trouver le bonheur avec une autre femme, jamais avec elle ! Elle réserve par ses coquetteries, une mort sanglante aux insensés qui l’aiment. Elle est sans affection et se couvre d’un voile impénétrable. Elle sacrifierait la terre entière à sa vanité ! J’ai peur qu’elle ne sacrifie Le Gardeur aussi froidement que le dernier de ses amoureux.

Pierre Philibert survint. Madame de Tilly lui présenta les excuses de Le Gardeur.

— Il a été obligé de rentrer pour affaires sérieuses, dit-elle.

Philibert se douta bien de quelque chose… mais n’en fit rien paraître. Il plaignit Le Gardeur et parla de lui en termes si généreux, qu’Amélie en fut profondément touchée.

XXII.

Le bal tourbillonnait. Les vieux lambris vibraient aux accords de la musique et sous la cadence des pas légers.

Madame de Tilly et sa nièce désiraient se retirer avant minuit ; de La Corne St. Luc ordonna d’emmener les chevaux et il partit avec elles.