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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/335

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LE CHIEN D’OR

— Dans mon empressement, continua Fauchon, j’ai heurté la porte. Pensant qu’il venait quelqu’un, la dame s’est levée vivement et a passé dans une autre chambre. Elle a laissé tomber la lettre. Je l’ai ramassée. Comme j’étais décidée à laisser dame Tremblay, je ne craignais guère les conséquences de cette action… Madame voudrait-elle la lire cette lettre ?

À cette proposition, Angélique tendit la main avec une espèce de frénésie :

— Vous avez la lettre ? fit-elle. Montrez-la moi tout de suite ! Vous avez eu bien de l’esprit de l’apporter !… Tenez ! en retour je vous donne cette bague !

Elle tira une bague de son doigt et la passa au doigt de Fanchon.

Fanchon, enchantée, se mit à l’examiner sur toutes ses faces.

— Elle vaut un million de lettres comme celle-ci, dit-elle ; je vous suis infiniment obligée, madame !

— La lettre vaut un million de bagues, répliqua Angélique.

Elle l’ouvrit avec crainte et colère, et s’assit pour la lire.

X.

Le premier mot la frappa comme eut fait une pierre !

Chère Caroline…

C’était bien la main vigoureuse de l’Intendant. Angélique connaissait parfaitement son écriture.

« Chère Caroline, » disait la lettre, « vous avez bien souffert pour l’amour de moi ; mais je ne suis ni insensible ni ingrat. J’ai des nouvelles à vous apprendre. Votre père vous cherche, il est passé en France. Personne ne se doute que vous êtes ici. Demeurez tranquillement au fond de votre retraite, dans le secret le plus complet, sinon un orage pourrait fondre sur nous et nous emporter l’un et