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LE CHIEN D’OR

regarder un instant, malgré la défense de dame Tremblay, quand la porte s’est ouverte…

Une porte qui s’entr’ouvre, c’est tentatif ! et puis, l’on ne ferme pas les yeux. Même, il est difficile de résister à l’appel d’un trou de serrure, quand de l’autre côté, il y a quelque chose que l’on aimerait à voir ! Du moins c’est ce que j’ai toujours éprouvé.

— Je le crois bien ! mais comment est-elle ? fit Angélique en frappant du pied.

Elle s’emportait vite.

— Oh ! bien pâle, madame, bien pâle ! mais je n’ai jamais vu une figure si belle et si triste !… Presque jamais ! je veux dire ! Elle ressemble aux deux sœurs de la Sainte Vierge, dans la chapelle du Séminaire.

— Était-elle en prière, Fanchon ?

— Non, madame, elle lisait une lettre de l’Intendant.

IX.

Angélique était stupéfaite. Elle soupçonna Caroline et Bigot de correspondre ensemble. Cette lettre que lisait ainsi la jeune captive, devait être la réponse de l’Intendant au message du vieux notaire.

— Comment savez-vous, Fanchon, que cette lettre venait de l’Intendant ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils. Elle pouvait être d’une autre personne…

— C’est vrai, madame ; mais elle venait de l’Intendant, tout de même, parce que j’ai entendu alors la jeune dame répéter son nom et prier Dieu de le bénir à cause de ses bonnes paroles… Il s’appelle Bigot, n’est-ce pas ?

— Oui, certainement !… Je ne veux pas vous faire injure, Fanchon, et je vous crois sincère… Mais ne pourriez-vous pas me dire le sujet de cette lettre ? Parlez franchement, Fanchon, et je vous récompenserai magnifiquement.

— Je tiens parfaitement le sujet de cette lettre ; mieux que cela, je tiens la lettre elle-même !

Angélique s’élança promptement comme pour embrasser l’indiscrète servante.