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LE CHIEN D’OR

ma petite, quelque soient vos scrupules au sujet des secrets.

Puis elle dit tout haut :

— Fanchon, je vous prendrai à mon service à une condition. Vous me direz si vous avez jamais vu la dame de Beaumanoir.

Angélique mettait ses intérêts avant tout, même avant les délicates notions de l’honneur.

— Je vous dirai bien tout ce que je connais, madame, répondit la servante en disponibilité. Aucune des servantes n’est supposée savoir qu’elle est dans le château, cette dame, mais toutes le savent, comme de raison !

VIII.

Fanchon se tenait là, droite, les mains dans les poches de son tablier, prête à répondre à n’importe quelle question.

— Il était impossible, répliqua mademoiselle Des Meloises, de garder, dans le château, un pareil secret…

Elle demeura pensive un instant.

— Maintenant, Fanchon, dites-moi donc quelle apparence elle a cette dame ? reprit elle.

Et d’une main frémissante, elle rejeta en arrière ses longs cheveux. L’étincelle luisait dans ses paupières.

Fanchon eut peur de ce regard de flamme et elle parla plus qu’elle n’aurait voulu le faire.

— Je l’ai vue ce matin, madame, au moment où elle s’agenouillait dans son oratoire. La porte était entr’ouverte, et, malgré les ordres de dame Tremblay, j’ai…

— Ah ! vous l’avez vue ce matin ! répéta Angélique avec impétuosité, et comment l’avez-vous trouvée ? A-t-elle l’air aussi bien que lorsqu’elle est entrée au château ? paraît-elle plus mal ? Elle doit être plus mal, bien plus mal !

— Je ne sais pas, madame ! je n’ai fait que la