II.
— Ô ! Le Gardeur ! commença-t-elle, en le dévorant des yeux, me pardonnez-vous de vous avoir fait venir ici, ce soir, sans raison aucune… sans aucune raison, Le Gardeur ! excepté pour vous voir ?… Je m’ennuyais de vous ; j’en voulais à Belmont qui vous enlevait à Des Meloises.
— Et quel motif plus doux et plus pressant à mes yeux, Angélique, pouvait me faire accourir ? je crois que je sortirais du ciel même, si vous m’appeliez ailleurs, ô ma chérie ! Une minute avec vous m’est plus agréable que des heures de réjouissances avec les autres !
— Je n’avais aucune raison de vous faire venir, reprit Angélique, aucune ! si ce n’est pour vous dire une fois de plus combien je vous aime ! Pour vous jurer que je vous aimerai toujours ! Allons ! êtes-vous content ?
Si vous ne l’êtes pas, continua-t-elle…
— Non ! ce n’est pas assez ! Dites que vous êtes toute à moi, mon Angélique ! Toute à moi pour toujours ! ajouta-t-il vivement.
— Oh ! comme vous êtes bien toujours le même, Le Gardeur ! Jamais satisfait des gages d’amour que je vous donne !
Elle s’arrêta.
— Voyons, reprit-elle, qu’est-ce que je voulais dire ? N’importe ! Vous avez tout mon cœur ! Je vous le donne tout ! tout ! Quand vous êtes ici près de moi, je suis parfaitement heureuse !
Elle éprouvait de la répugnance à songer à Bigot maintenant.
Le Gardeur lui dit :
— Mon contentement serait parfait, Angélique, si vous le vouliez ! Oh ! pourquoi me tenez-vous toujours ainsi au seuil de la félicité ou du désespoir ? Décidez sans plus de délai de ma destinée ! J’ai parlé de mon projet à Amélie, ce soir même…
— Oh ! pas tant de hâte, Le Gardeur ! pas tant de