hâte !… s’écria-t-elle violemment agitée, et fort anxieuse d’éviter une question qu’elle n’aimait pas à entendre.
Pourquoi les hommes ne sont-ils pas satisfaits de se savoir aimés ! Pourquoi, en nous faisant un devoir d’aimer, veulent-ils dépouiller l’amour de ses charmes ? Pourquoi veulent-ils le tuer, enfin, par un prosaïque mariage ?
Pendant qu’elle parlait ainsi, le rouge lui montait au front et un éclair de malice passait dans ses yeux.
Le Gardeur, joliment décontenancé, lui répliqua pourtant :
— Ô ! mon Angélique ! il n’en serait pas de même pour nous, et notre attachement ferait de plus en plus notre bonheur !
III.
Elle se leva sans répondre, se dirigea vers un buffet où se trouvait un plateau avec des rafraîchissements.
— Je suppose, dit-elle, que vous ne sentez guère le besoin de goûter à ces choses… Vous arrivez de Belmont… Les dîners sont magnifiques à Belmont !
Elle lui versa un verre de vin. C’était un cru délicieux que Bigot lui avait envoyé. Elle ne jugea pas nécessaire de mentionner ce détail.
— Vous ne m’avez pas encore parlé de la splendide affaire de Belmont, reprit-elle. Les honnêtes gens, j’en suis sûre, n’ont pas manqué de fêter dignement Pierre Philibert !
— Et Pierre Philibert mérite pleinement qu’on le fête !
Mais pourquoi donc n’êtes-vous pas venue à cette soirée, Angélique ? Pierre aurait été content de vous y voir, assurément !
Le Gardeur se tenait toujours prêt à défendre son ami.
Angélique répondit d’un air moqueur :
— Oh ! j’aurais bien aimé à m’y rendre, mais j’avais peur de manquer de loyauté envers la Fri-