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LE CHIEN D’OR

devant la porte du château, lentement et silencieuses comme des ombres.

— Tout est calme et grave comme un cimetière, ici, remarqua de Péan, la vie de ces lieux s’en est allée chez Menut !

Et comme la cloche achevait de tinter, il ajouta :

— J’aime les petites heures ! Que l’on veille ou que l’on dorme, elles passent vite et sont vite comptées… Elles seules valent quelque chose dans la vie d’un homme ! Deux heures du matin, c’est midi pour l’homme qui a l’esprit d’aller les attendre chez Menut !

IV.

Le Gardeur suivait de Péan sans bien songer où il allait, machinalement. Il connaissait les gens qu’il rencontrerait chez Menut. À cette heure-là, tout ce qu’il y avait de plus dissolu, de plus débauché dans la ville et la garnison se réunissait dans l’odieuse taverne.

Maître Menut, un gros et bruyant Breton, se vantait de tenir une maison où régnait l’abondance. Rien n’y manquait, on y trouvait de tout à foison : la maison était pleine d’amusements, les tables, pleines de mets, les pots et les vases, pleins, les convives, pleins ! le maître lui-même, plein !

Cette nuit-là, il y avait encore plus de bruit, d’éclat et de plaisir, que de coutume. Cadet, Varin, Le Mercier et une foule d’amis et d’actionnaires de la grande compagnie s’y trouvaient réunis. On jouait, on buvait, on causait.

L’argot de Paris, avec ce qu’il avait de plus impur, était en grand honneur dans la taverne et parmi ces gens débauchés. C’était une sorte de protestation contre le raffinement un peu trop exagéré de la société d’alors.

V.

De Péan et Le Gardeur entrèrent dans l’auberge, et furent reçus à bras ouverts : de tous côtés, des