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LE CHIEN D’OR

ceux qui se laissent abattre et désespérer par une femme sans foi.

Oh ! pourquoi les hommes mettent-ils en nous cette confiance exagérée ! Combien petit est le nombre des femmes qui méritent l’amour et le dévouement d’un honnête homme !

— Combien petit, aussi ! le nombre des hommes qui méritent de posséder une femme comme toi, Amélie !

Ah ! si Angélique avait ton cœur !…

— Le Gardeur, tu béniras un jour ce chagrin ! Il est amer, aujourd’hui, je le sais, mais la vie avec Angélique serait bien plus amère encore.

Il branla la tête en signe de doute.

— Je l’aurais acceptée quand même, reprit-il. Mon amour est marqué d’un sceau fatal et méchant ; nul creuset ne saurait le purifier.

— Voici mon dernier mot, fit Amélie, qui jugeait inutile de lutter plus longtemps.

Elle l’embrassa.

III.

— Que se passe-t-il donc au manoir ? demanda Le Gardeur, après quelques instants. Tante Tilly s’en retourne plus tôt qu’elle ne pensait.

— On dit qu’il y a des Iroquois sur le haut de la rivière Chaudière, et les censitaires désirent aller protéger leurs maisons. Bien plus, le colonel Philibert et toi, vous êtes commandés de vous rendre à Tilly pour organiser la défense de la seigneurie.

Le Gardeur fit un bond. Il ne pouvait comprendre un ordre qui semblait inutile.

— Pierre Philibert et moi ! nous sommes chargés de la défense de la seigneurie de Tilly ! répéta-t-il.

Mais nous n’avons reçu aucune information, hier, sur la marche des sauvages. Ils ne sont certainement pas aussi près que cela. C’est une fausse rumeur que les femmes font courir pour faire revenir leurs maris.