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LE CHIEN D’OR

Et il sourit pour la première fois, en exposant cette sage raison.

— Je ne crois pas que ce soit cela, Le Gardeur, riposta Amélie, mais tout de même, ce serait, à mon avis, une jolie ruse de guerre. Il est ennuyeux pour des femmes de rester seules si longtemps. Je n’aimerais point cela, moi.

— Oh ! je ne sais pas trop, mais je crois que celles qui avaient peur de s’ennuyer ont suivi leurs maris à Québec… Et que dit Philibert de cet ordre ? l’as-tu vu ?

Amélie ne put s’empêcher de rougir un peu en répondant :

— Oui, je l’ai vu… Il paraît bien content de retourner à Tilly avec toi, mon frère.

— Et avec toi, petite sœur !… Quoi ! tu n’as pas besoin de rougir. Il est bien digne de toi, et s’il te faisait la proposition que j’ai faite à Angélique Des Meloises, hier soir, tu pourrais l’accueillir mieux que je ne l’ai été.

— Assez ! assez. Le Gardeur ! Pourquoi parler de cela ? Pierre n’a jamais songé à moi ; il n’y pensera jamais probablement.

— Au contraire, Amélie ! Tiens ! ma chère petite sœur, quand Pierre Philibert te dira qu’il t’aime et te demandera d’être sa femme, si tu l’aimes, si tu as encore quelque pitié pour moi, ne le repousse point !

Amélie ne répondit rien. Elle était agitée, tremblante. Elle lui serra la main.

Le Gardeur la comprit mieux que si elle eut parlé. Il l’attira sur sa poitrine et l’embrassa avec tendresse.

IV.

Le reste de la journée se passa dans le calme et la joie. Il y avait du soleil dans la maison. Amélie reçut les confidences de son frère et elle dit, pour le consoler, des paroles affectueuses comme la religion, et l’amitié seules peuvent en inspirer.

De nombreux visiteurs vinrent, ce jour-là, frapper