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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/368

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LE CHIEN D’OR

à la porte de l’hospitalière maison de madame de Tilly, mais Pierre Philibert seul put entrer.

Le Gardeur lui témoigna une sincère reconnaissance. La quiétude qui rentrait dans son âme se reflétait sur sa figure et il avait plus que jamais des ressemblances touchantes avec Amélie. Entre sa sœur et son ami, il se croyait revenu aux jours d’autrefois, au temps heureux de l’enfance !

Bien doux furent les épanchements de l’amitié et les retours vers les scènes du passé ! Bien doux pour Pierre et Amélie surtout, les regards timides et furtifs, les soupirs comprimés, les espoirs naissants !

V.

La besogne de la journée était finie au Chien d’Or.

Le bourgeois prit son chapeau, son épée et se dirigea sur le cap pour aspirer la brise fraîche qui montait du fleuve. C’était juste le changement de la marée.

Le fleuve coulait à pleins bords et, çà et là, quelques étoiles se miraient dans ses flots avec les premiers reflets de la lune qui se levait lentement sur les collines de la rive sud.

Le bourgeois s’assit sur le mur de la terrasse, pour contempler l’indescriptible scène. Il était venu cent fois s’extasier en ces lieux, et le charme était toujours nouveau.

Ce soir, tout lui semblait plus beau que de l’accoutumée. Il était si heureux !

Il songeait à Pierre, son fils, revenu tout glorieux ; il songeait à la fête de Belmont où tous les grands étaient accourus avec plaisir. Il se trouvait heureux, oui ! heureux dans son fils surtout, le plus grand bonheur d’un père !

VI.

Pendant qu’il était plongé dans ces douces réflexions, il entendit une voix bien connue. Il se retourna et aperçut le comte de La Galissonnière et