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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/37

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le chien d’or

Elles étaient mises avec une élégante simplicité, et d’une façon digne de leur rang.

Le chevalier le Gardeur de Tilly était tombé sur le champ de bataille, deux ans auparavant, en combattant vaillamment pour son roi et son pays. Sa veuve resta seule pour régir ses vastes domaines et prendre soin de sa nièce Amélie de Repentigny, et de son neveu le Gardeur, deux jeunes orphelins qu’il avait beaucoup aimés et les seuls héritiers de la Seigneurie de Tilly.

Amélie n’avait laissé que depuis un an le vieux couvent des Ursulines. Elle avait puisé tous les hauts enseignements dans ce fameux cloître fondé par la mère Marie de l’Incarnation, pour l’éducation des jeunes filles de la Nouvelle-France. Générations après générations sont venues y apprendre, d’après les préceptes de cette femme extraordinaire, les manières les plus distinguées et les sciences de l’époque. Si ces dernières ont pu s’oublier, les premières ne se sont jamais perdues. Les jeunes élèves, devenues femmes et mères, ont transmis à leurs enfants cette politesse et cette urbanité qui distinguent encore, de nos jours, le peuple canadien.

Le jour de l’examen, de toutes ces anxieuses concurrentes qui avaient lutté pour la palme et les honneurs, dans l’illustre maison, deux seulement étaient sorties le front ceint de couronnes, Amélie de Repentigny et Angélique DesMeloises. Deux jeunes filles également belles, également gracieuses, également accomplies, mais différentes de caractères et de destinée. Le fleuve de leur vie coula d’abord dans une parfaite tranquillité ; hélas ! comme il devait être tourmenté plus tard !

Le Gardeur de Repentigny était d’une année plus âgé que sa sœur Amélie. Il était au service du roi. Ce beau cavalier, ce brave soldat, ce cœur généreux aimait bien sa sœur et sa tante, mais il n’avait pas échappé aux dangers de son temps ; il n’avait pas fui les écueils où se perdaient tant de jeunes gens de condition et de fortune qui, du fond de la colonie,