Aller au contenu

Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
368
le chien d’or

pour ses chants populaires des paroles licencieuses car on savait qu’elle avait été fondée pour la plus grande gloire de Dieu et l’honneur de son saint nom.

C’était en toutes lettres dans la commission de Jacques Cartier.

La chanson à la rame se compose ordinairement de stances assez courtes. Le derniers vers d’un couplet devient le premier du couplet suivant et cela forme un enchaînement original et plaisant. Après chaque couplet un refrain vif gai, entraînant, qui part comme une fusée !… Toutes les voix chantent alors, tous les bras s’agitent, tous les avirons plongent dans les flots, et le canot bondit comme un poisson ; volant sur la surface frémissante du lac ou de la rivière !

IV.

Amélie, assise à l’arrière du canot, laissait sa main blanche jouer dans le courant limpide. Elle se sentait heureuse, car toutes ses affections étaient là avec elle, dans la gracieuse embarcation. Elle parlait peu et se plaisait à entendre le chant des rudes canotiers. Elle pouvait aussi s’abandonner plus facilement à ses douces pensées quand la conversation cessait, et que tout le monde chantait ou prêtait l’oreille aux refrains cadencés. Quelquefois, elle saisissait à la dérobée un regard de Pierre dirigé vers elle avec la rapidité de l’éclair, regard dont elle conservait le souvenir dans les secrets trésors de son cœur !

Quelquefois, c’était un de ces mots que seul l’amour sait dire, un tendre sourire plus précieux que tous les trésors de l’Inde et qui contiennent tout un monde de lumière, de vie, d’immortalité.

Maître Jean La Marche avait choisi sa place à l’avant du canot. Il était faraud comme un jour de dimanche, droit et fier comme le roi d’Yvetot. Son violon qu’il appuyait avec coquetterie à son double menton, vibrait harmonieusement sous les caresses de l’archet de crin, comme il avait vibré