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LE CHIEN D’OR

ouvraient, comme des ailes, leurs voiles de toile éclatante pour remonter la rivière. Les uns étaient chargés de munitions de guerre, pour le Richelieu, par où ils se rendraient aux postes militaires du lac Champlain ; les autres portaient à Montréal des marchandises destinées aux postes de commerce de l’Ottawa, des grands lacs et même de la Belle Rivière et de l’Illinois, où l’on venait de faire de nouveaux établissements.

Des flottes de canots prenaient ces cargaisons à Montréal pour les rendre à leur destination.

Les canotiers passèrent dans leur course les bateaux à voiles. Ils les saluèrent gaiement. Ce fut entre les divers équipages, un échange bruyant et joyeux de cris, de souhaits, de plaisanteries :

— Bon voyage, bonne chance ! pas trop d’embarras ! des portages courts ! beaucoup de bon temps !

Plusieurs crièrent :

— Les peaux des ours et des buffles que vous allez tuer sont-elles déjà vendues ?

D’autres :

— Ne laissez pas vos chevelures en gage aux belles Iroquoises !

III.

Les chansons à la rame du Canada ont un caractère tout particulier, et sont d’un effet charmant. Elles sont agréables à entendre surtout quand de robustes canotiers les redisent en lançant leurs légers canots d’écorce sur les eaux tranquilles ou bouillonnantes, tantôt fendant comme des canards sauvages la nappe paisible, tantôt sautant comme des cerfs agiles les rapides bondissants et les cascades écumantes ; toujours acceptant, avec une égale magnanimité et comme ils viennent, la tempête ou le calme, la fortune et l’adversité.

Ces chansons sont toutes d’anciennes ballades d’origine Normande ou Bretonne. Les pensées en sont pures et les expressions chastes.

On n’aurait pas voulu alors donner à la colonie