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le chien d’or

Rouli, roulant, ma boule roulant !
En roulant ma boule roulant,
En roulant ma boule !

Avec son grand fusil d’argent
En roulant ma boule !
Visa le noir, tua le blanc
Rouli, roulant, ma boule roulant !
En roulant ma boule roulant
En roulant ma boule !

V.

 Jean La Marche fit longtemps retentir l’air de ses refrains mesurés, et son violon fameux ne se fatiguait pas plus que sa poitrine. Tous les canotiers redisaient les refrains avec une ardeur non moins admirable, et lui criaient des « encore » comme à l’artiste qu’on veut récompenser ou flatter. Des voix enthousiastes répondaient de la rive et l’allégresse se répandait partout. Toute la nature chantait. Les ondes, le ciel, les champs, les bois, les rivages, tout s’unissait dans un cantique de joie.

Et les voix devenaient plus vives et plus éclatantes à mesure que les bords de Tilly approchaient, car là, pour les bons censitaires comme pour leur noble châtelaine, c’était le foyer de la famille, et le foyer, c’est le paradis de la terre.

Le Gardeur fut entraîné par la gaîté générale. Il oublia son ressentiment, son désappointement et les séductions de la ville. Assis dans les rayons du soleil, sur les ondes bleues, sous le ciel bleu, au milieu de ceux qui l’aimaient, comment aurait-il pu ne pas sourire, ne pas oublier, ne pas espérer ?

Son cœur s’ouvrait à la joie, au grand bonheur d’Amélie et de Pierre qui observaient avec un immense intérêt ce réveil de son âme endolorie.

Après quelques heures de cette délicieuse course, les canots vinrent s’échouer sur la grève, au pied de la falaise de Tilly. Tout vis-à-vis, au sommet de la côte, comme la borne immuable que devaient respecter les eaux et la terre, ou comme l’arche qui