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le chien d’or

pouvait sauver les âmes et les corps, s’élevait l’église de St. Antoine de Tilly. Un joli village de blanches maisonnettes l’entourait.

VI.

Sur la grève sablonneuse, les femmes, les vieillards et les enfants, accourus pour souhaiter la bienvenue à leurs gens, se livraient aux transports de la surprise et du bonheur. Ils n’attendaient pas sitôt les travailleurs de la corvée du roi.

La nouvelle de l’arrivée des Iroquois vers les sources de la Chaudière les avait effrayés. Ils supposaient en même temps que le gouverneur craignait une attaque contre Québec, par mer, comme celle de Phipps dont plusieurs se souvenaient encore.

— Bah ! ne craignez rien, mes bons amis, fit le vieux pilote Louis, en regardant fièrement tout le monde de son œil unique, ne craignez rien ! Je la connais cette campagne de William Phipps : mon père me l’a souvent racontée.

VII.

C’était dans l’automne de 1690. Trente-quatre grands vaisseaux Bostonnais vinrent débarquer sur les battures de Beauport toute une armée de ventre bleus. Mais notre vaillant gouverneur Frontenac descendit tout à coup des bois avec ses braves soldats, des habitants et des sauvages, les repoussa pêle-mêle à bord de leurs bâtiments et enleva le pavillon rouge de l’amiral Phipps.

L’instant de le dire ! Si vous ne me croyez pas, — personne ne m’a jamais fait cette injure, — si vous ne me croyez pas, allez dans l’église de Notre-Dame-des-Victoires, à la basse-ville, vous le verrez ; il flotte encore au dessus du maître autel !

Bénie soit Notre-Dame qui nous a sauvés de nos ennemis et qui nous sauvera encore si nous le méritons !…

À la Pointe Lévis où s’est réfugiée alors la flotte en déroute, l’arbre sec existe toujours. Vous savez