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le chien d’or

tristesse, mais il n’y en aura plus jamais… C’est fini !

— Viens ! Le Gardeur, ne gâtons pas la joie du retour. Vois ! le pavillon flotte au sommet de la tourelle et le vieux Martin va tirer la coulevrine pour nous saluer.

X.

Un éclair, un jet de fumée et un coup de tonnerre firent soudain bondir les gens qui couvraient le rivage.

— C’est bien pensé, de la part du vieux Martin et des femmes du manoir, cela ! observa Félix Beaudoin.

Il avait servi dans sa jeunesse, Beaudoin ! et il connaissait le salut militaire.

— Les femmes de Tilly valent mieux que les hommes de la Beauce, comme dit le proverbe, observa-t-il encore.

— Oui, et mieux que les hommes de Tilly aussi, mon vieux, ajouta Josephte Le Tardeur, d’un ton brusque et tranchant.

Josephte était une grosse courte au nez retroussé, une virago dont l’œil noir perçait comme une tarière. Elle portait un chapeau de paille à larges bords et surmonté de boucles aussi difficiles à débrouiller que son caractère, un jupon de tiretaine court qui se souciait peu de cacher sa jambe forte. De ses manches retroussées sortaient deux énormes bras rouges qui auraient fait le bonheur d’une laitière suisse.

— La remarque qu’elle venait de faire s’adressait à José Le Tardeur, son mari, un bon diable d’homme, un peu fainéant, par exemple ! qu’elle n’avait cessé de taquiner depuis le jour de son mariage.

— Les paroles de Josephte m’atteignent mais ne me font aucun mal, dit José à son voisin. Je suis une bonne cible ; elle peut tirer !

Je suis bien content, ajouta-t-il, que les femmes de Tilly soient meilleurs soldats que nous, les