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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/390

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le chien d’or

d’autorité, et vint la recevoir à la porte, absolument comme si rien n’avait interrompu son service ?

Madame de Tilly et ses hôtes la suivirent en souriant.

L’intérieur du manoir ressemblait aux intérieurs des anciens châteaux de France. Au centre, il y avait une grande salle qui servait de cour de justice quand le seigneur de Tilly avait à juger quelque délit, ce qui n’arrivait pas souvent, grâce à la moralité des gens. Dans cette salle se tenait encore la cour plénière, quand il fallait régler les corvées, ouvrir des chemins, construire des ponts. Dans cette salle aussi avaient lieu les grandes réunions des censitaires à la fête de St. Michel de Thury, le patron.

De là, on passait dans une suite de chambres de diverses grandeurs, toutes meublées et ornées selon le goût de l’époque et la richesse des seigneurs de Tilly.

Un grand escalier de chêne, assez large pour laisser passer de front une section de grenadiers, conduisait aux pièces supérieures : chambres à coucher et boudoirs avec leurs vieilles fenêtres à barreaux d’où le regard s’échappait pour embrasser un délicieux fouillis de nappes d’eau, de tapis de gazon, d’arbustes, de végétaux, d’arbres et de fleurs.

Philibert reconnaissait bien ces pièces, ces escaliers, ces passages où tant de fois il avait joué avec Le Gardeur et Amélie. Il croyait entendre encore l’écho lointain de leurs cris joyeux… Rien n’avait changé. Les meubles, les tentures, les tableaux, gardaient leur sévère beauté. Les portraits le regardaient encore et leurs yeux semblaient pleins de joie. Le reconnaissaient-ils après sa longue absence ?

XIV.

Il entra dans une chambre bien familière, jadis ; le boudoir de madame de Tilly. Au mur du fond, pendait encore un petit tableau. Il le reconnut avec un sensible plaisir, avec orgueil même. Lui-même, il l’avait peint dans un jour d’enthousiasme, et toute