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le chien d’or

son âme aimante avait passé dans son habile pinceau.

C’était le portrait d’Amélie.

— C’était bien la divine expression de ses yeux au moment où elle tournait la tête vers lui pour l’écouter ; c’était bien le sourire suave de ses lèvres ! Le regard de la vierge de douze ans l’avait suivi partout. Sa bouche rieuse lui avait murmuré bien des paroles de consolation dans ses ennuis !

Il s’arrêta tout ému devant ce portrait d’une enfant qui était devenue la maîtresse de ses destinées.

Amélie était entrée dans le boudoir un instant après lui. Tout à ses souvenirs, il n’avait pas entendu le bruit de ses pas. Elle ne voulut point le déranger d’abord ; cette attention qu’il portait à l’enfant la flattait. Mais elle ne voulait toujours pas avoir l’air d’épier, et il fallait faire connaître sa présence.

— La reconnaissez-vous ? demanda-t-elle enfin, en faisant un pas vers le portrait.

Philibert se tourna vivement. Amélie lui apparut alors, à travers le voile de ses vingt ans, jeune et naïve comme le portrait. Ce fut une vision charmante et vraie.

— Comme il vous ressemble, Amélie ! je ne croyais pas l’avoir peint si fidèle, s’écria-t-il, dans un transport à demi contenu.

— Je suppose, repartit Amélie d’un air narquois, que vous avez trouvé le secret de faire un portrait qui me ressemblera toujours, dans les sept âges de la vie. Si c’était une peinture de mon âme, je ne dirais pas non, continua-t-elle, mais j’ai grandi… Voyez !

— Moi, je le trouve fidèle et beau, ce portrait… Et pourtant, j’étais un peintre fort maladroit. J’aurais voulu…

— Trop beau, sans doute, interrompit Amélie, toujours en plaisantant. Il devrait sortir de son cadre pour venir vous remercier de la peine infinie que vous vous êtes donnée.

— Qu’il ne se dérange point ; j’ai trouvé ma