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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/392

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le chien d’or

récompense dans l’idéal de la beauté que j’ai réussi à faire sortir de cette toile…

— La jeune fille de douze ans aurait dû vous remercier, Pierre, comme je voudrais et n’ose le faire…

— C’est moi qui suis votre obligé, Amélie… grâce à vous, à votre souvenir, j’ai accompli des choses étonnantes…

Amélie sentit un reflet pourpre courir sur ses joues. Le Gardeur entra. Elle lui prit le bras :

— N’est-ce pas Le Gardeur, fit-elle, qu’il sera difficile à Pierre de devenir notre obligé, après tout ce qu’il a fait pour nous ?…

— Difficile ? impossible, ma chère, impossible !

— Cependant, reprit-elle, si, pour commencer à nous acquitter envers lui, nous l’emmenions passer une journée sur le lac. Nous ferons une partie de canotage. Les messieurs allumeront le feu, les dames infuseront le thé. Il y aura chant et musique, danse aussi, peut-être. La lune se chargera de l’illumination qui terminera la fête. Que dis-tu de mon programme, Le Gardeur ? Qu’en dites-Vous, Pierre Philibert ?

Pierre admira l’intelligence et le tact d’Amélie. C’était pour distraire Le Gardeur qu’elle proposait cette promenade sous les bois et sur les eaux. Elle voulait à tout prix le délivrer de la sombre mélancolie qui l’obsédait. Assurément, les amusements de la journée auraient pour elle un charme nouveau, à cause de Pierre qui les partagerait, mais il n’y avait pas de mal à cela.

— Ton programme est superbe, Amélie, répondit Le Gardeur, mais laisse-moi de côté. J’aime à rester tranquille. Je n’irai pas au lac. C’est en vain que je cherche à reconnaître Tilly ; tout me paraît changé. Il me semble que je vois tout à travers un nuage. Rien de serein comme autrefois ; pas même toi, Amélie. Il y a de la tristesse dans ton sourire ; je le vois bien. Et c’est ma faute, sans doute.

— Allons, mon frère, tes yeux sont meilleurs que