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le chien d’or

— Je donne mon assentiment à tout, conclut madame de Tilly.

— Je me laisse rouler dans vos mailles dorées, ajouta Le Gardeur, à condition que Pierre reste avec moi ; je suis un pauvre papillon que vous voulez prendre et fixer au mur de votre château en Espagne. Ainsi-soit-il !

Quand Amélie fut seule dans sa chambre elle se jeta aux pieds de la statue de la Vierge et fit monter au ciel de vives actions de grâces. Dans sa reconnaissance elle avait couronné de fleurs le front de la divine madone. Elle pria pour Philibert, pour Le Gardeur, pour toute la maison. Longtemps, dans son émotion, elle fit glisser entre ses doigts purs les grains de son chapelet béni !

Le lendemain le soleil se leva brillant sur la cime verte des bois et sur les prairies veloutées. L’air était pur ; les fleurs s’ouvraient pour offrir leurs parfums à Dieu.

Les rochers, les eaux, les arbres, tout se découpait avec une netteté merveilleuse. Pas un lambeau de brume, pas un flocon de fumée ne traînaient dans le ciel ; pas un rayonnement comme dans les grandes chaleurs ; pas un nuage de poussière dans la route étincelante du soleil !

Pierre Philibert sortit pour errer seul dans la solitude du parc. Il revit le promontoire avec le bosquet ombreux qui le couronnait et le fleuve immense qui dormait à ses pieds ; il revit la forêt où le cerf avait coutume de brouter, et les hautes fougères où se couchaient les faons. Là-bas, sur cette côte élevée, il allait s’asseoir avec Le Gardeur, pour compter les voiles tour à tour blanches et sombres des bateaux qui louvoyaient sur les flots agités. Il y retrouvait tout frais encore un lit de verdure où il s’était reposé jadis. Les œuvres du Seigneur ne vieillissent point !

C’est ici, dans ces sentiers, qu’il avait enseigné à Amélie l’art de monter à cheval. Il la revoyait comme elle était alors, jeune, belle, en robe blanche,