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le chien d’or

non plus, où elle entendrait le solennel aveu qui tremblait depuis longtemps sur ses lèvres.

Il arriva.

L’heure de la naissance et l’heure de la mort sonnent quand Dieu le veut ; mais c’est le cœur de la femme qui annonce l’heure de l’amour. Heure fortunée si l’amour est pur et l’intention droite ; heure de malédiction s’il est menteur et perfide !

La femme marchera dans le sentier de la vie, doucement appuyée sur l’homme qui la protège et la chérit, honorée et bénie de ses enfants, enviée et admirée de tous ; ou bien elle deviendra une esclave inutilement rebelle au joug, et traînera ses pas ensanglantés dans les épines du chemin…

XII.

Le moment arriva de se rendre au petit lac de Tilly. Tout le monde répondit à l’appel. Pas d’absent dans les rangs ! Le matin frais et clair promettait la chaleur ; mais les bois avaient de l’ombre.

Six canots partirent chargés de monde et de provisions, et remontèrent la petite rivière. Le voyage fut assez court, et très gai. Rendus au lac, tous se dispersèrent sous les ramures et mille cris joyeux effrayèrent les oiseaux surpris.

Au frais matin succéda une journée chaude et une brise agréable se mit à souffler. Les vieux chênes que traversaient quelques rayons de soleil, laissaient tomber leur ombre comme un tapis capricieusement tissé et toujours changeant ; les pins antiques versaient leur senteur résineuse, et plus loin, les oiseaux remis de leur terreur, chantaient avec une ardeur nouvelle.

La journée fut bien employée. Les uns cherchèrent des fleurs sauvages sur les bords de l’eau ou au fond de la forêt ; les autres jetèrent l’hameçon aux poissons affamés ; ceux-ci luttèrent de vitesse dans leurs canots d’écorce ; ceux-là dépistèrent le lièvre ou la perdrix ; d’autres passèrent le temps à chanter ou à causer.