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le chien d’or

L’heure du dîner réunit toute l’ardente troupe, et pendant que le brasier allumé sous les bois s’éteignait, et que la fumée se dissipait déchirée par les rameaux, l’allégresse prit un nouvel élan. Des clameurs de joie firent retentir la forêt, et les oiseaux y répondirent de toutes parts.

Quelques étoiles commençaient à paraître dans l’azur du firmament. Elles ne devaient pas briller beaucoup, cette nuit-là, car la lune qui se levait déjà sur la solitude des bois resplendissait d’une manière étrange et les noyait dans ses flots de clarté.

XIII.

Il fallait, avant le départ, faire ensemble le tour du lac. Chacun prit place dans les canots, légers qui s’élancèrent sur les vagues endormies au milieu de leur retraite sauvage. Les Indiens n’auraient pas mieux ramé que ces gentilshommes accoutumés aux délices des salons. Les canots décrivirent la courbe de la jolie nappe d’eau, en longeant le rivage où les grives éparpillaient leurs dernières notes plaintives.

Jean La Marche et deux joueurs de flûte, à l’avant du premier canot, se tenaient prêts à exécuter les plus riches morceaux de leur répertoire. Ils n’attendaient que le signal. Mademoiselle Héloïse de Lotbinière prit sa guitare.

— Je vous accompagne dit-elle… La musique rapproche les esprits les uns des autres et les élève tous vers Dieu…

— N’oubliez pas la poésie qui est la plus divine des choses terrestres, ajouta une douce voix de femme.

Le violon, les flûtes et la guitare firent aussitôt entendre leurs accords. En même temps Jean La Marche entonna, d’une voix nette et puissante qui eut son écho dans la forêt :

À saint Mâlo-beau port de mer,
À saint Mâlo beau port de mer,
Trois gros navir’ sont arrivés,
Nous irons sur l’eau nous y prom’ promener,
Nous irons jouer dans l’île !