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le chien d’or

Il porta la main d’Amélie à ses lèvres avec respect :

— La vie de l’homme est remplie d’amertume et de trouble, mais voilà un délicieux moment…

— Notre vie à nous, sera calme et belle ; c’est déjà la félicité du ciel qui commence.

Elle le regarda doucement, une minute, releva d’une main timide les cheveux épais qui s’emmêlaient un peu devant sa figure.

— Vous direz tout à ma tante et à Le Gardeur, fit-elle d’un air câlin… Ils vous aiment bien, et ils seront contents d’apprendre que je serai un jour votre… votre…

— Ma femme ! Amélie, ma femme ! Ô nom trois fois béni ! Dites-le, ma femme !

— Oui, Pierre, votre femme ! votre femme aimante et fidèle pour toujours !

— Pour toujours ! Oui, un amour comme le vôtre est impérissable comme l’âme et partage l’immortalité de Dieu de qui il vient. Madame de Tilly trouvera en moi un fils digne d’elle et Le Gardeur un frère dévoué.

— Et vous, Pierre, parlez à votre tour ! Je ne l’ai pas encore entendu ce nom béni que je dois vous donner.

Elle le regarda comme pour scruter le fond de son âme.

— Moi, je serai votre mari ! votre mari constant et plein d’amour…

— Oui, mon mari !… La sainte Vierge a écouté mes prières… Dieu soit béni ! Oh ! que je suis heureuse !…

Et de nouveau enveloppant d’un chaste regard l’homme généreux qui devait être son premier et dernier amour, elle versa encore d’abondantes mais douces larmes.

V.

Un coup de tonnerre retentit soudain dans le ciel,