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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/432

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le chien d’or

loises ! Pas une femme dans la Nouvelle-France ne peut se vanter d’être aussi fidèlement servie que vous !

— Mais je ne crois pas à la fidélité de mon amoureux ! et je ne suis pas heureuse ; loin de là ! répondit-elle vivement comme dans un élan de franchise, mais toujours avec artifice.

— Pourquoi donc ? reprit Bigot : le plaisir ne s’éloigne jamais de vous que si vous le chassez. Toutes les femmes envient votre beauté et tous les hommes se disputent vos sourires. Quant à moi je voudrais avoir tous les trésors du monde pour les mettre à vos pieds, si vous me le permettiez.

— Je ne vous en empêche point, chevalier, fit-elle en souriant, mais vous n’en faites rien. Des paroles de politesse !

VIII.

— Je vous ai dit, chevalier, quel est le plus grand bonheur d’une femme, dites-moi donc, maintenant, quel est celui d’un homme.

— Oh ! oui ! Le plus grand bonheur d’un homme se trouve dans la beauté et la tendresse de sa bien aimée. Du moins, c’est mon avis.

— Sont-ce là encore des paroles de politesse ! demanda-t-elle froidement.

— Je voudrais que votre amabilité égalât votre beauté, je serais le plus heureux des mortels.

Bigot ne connaissait pas bien Angélique Des Meloises, car il n’aurait pas osé parler ainsi.

Elle le regarda d’une façon dédaigneuse : elle était fâchée.

— Mon amabilité ! chevalier, fit-elle lentement, jusqu’où n’a-t-elle pas été mon amabilité à votre égard, quand vous m’avez solennellement promis de renvoyer de votre demeure la dame de Beaumanoir ?…

Elle est encore chez vous, cette femme, chevalier, en dépit de vos promesses.

Bigot eut envie de nier, mais il vit que cela ne lui