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le chien d’or

servirait de rien. Angélique paraissait trop sûre de ce qu’elle disait.

— Elle possède tout mon secret, je pense, se dit-il en lui-même. Argus avec ses cent yeux est un aveugle, comparé à cette fille jalouse.

Il répondit :

— Je me repens sincèrement de toutes les fautes dont peut m’accuser la dame de Beaumanoir. C’est vrai, j’ai promis de la renvoyer et je le ferai. Mais enfin, elle est femme, et elle m’a demandé de la protéger, de la traiter avec douceur. Mettez-vous à sa place, Angélique…

Angélique lui lâcha le bras et le regarda en face. Elle était furieuse. Elle ne lui laissa pas le temps d’achever.

— Me mettre à sa place ! moi ? Bigot !… comme si jamais je pouvais m’avilir ainsi ! Vous osez me parler de la sorte ?

Bigot recula. Il crut voir briller un poignard dans sa main. C’était l’éclair de ses diamants quand elle leva le bras.

— Voyons ! reprit il avec douceur, en lui prenant le poignet d’une main ferme, il faut me pardonner les infidélités dont je me suis rendu coupable avant de vous connaître, Angélique ! J’adore la beauté où je la trouve. Maintenant, c’est à vos pieds que je me prosterne, et le voudrais-je, que je ne pourrais point vous être infidèle !

IX.

Bigot avait la foi des païens et il croyait fermement que les dieux s’amusent des amours parjures.

— Bigot, vous vous moquez de moi ! riposta Angélique ; et vous êtes le premier qui ose se moquer de moi deux fois !

— Comment cela, s’il vous plaît ? fit-il avec un air d’innocence offensée…

— À l’instant même et quand vous m’avez juré de renvoyer la dame de Beaumanoir ! Deux fois, n’est-ce pas ? Je vous admire, chevalier, continua-t-elle,