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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/436

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le chien d’or

ment éclairée par des lanternes de couleurs diverses, attachées aux arbres comme les diamants, les rubis et les émeraudes du jardin enchanté d’Aladin.

À chaque angle des sentiers couverts de brillants coquillages, s’élevait une statue de marbre : une nymphe, un faune, une dryade, dont la main tenait un flambeau qui versait des flots de lumière sur des vases débordants de fleurs.

Bien des couples s’enfonçaient joyeusement dans ces allées profondes pareilles aux somptueux corridors des palais.

Bigot et Angélique passèrent au milieu des invités et furent salués avec une grande déférence. C’était pour Angélique, comme un avant goût de la royauté.

Elle avait vu souvent les jardins du palais, mais jamais aussi magnifiquement illuminés. Elle ne put s’empêcher de ressentir de l’admiration pour celui qui pouvait ordonner tant de splendeurs, et elle se dit qu’elle aurait, n’importe à quel prix, sa part des hommages qu’il recevait, non-seulement comme partenaire durant un bal, mais, de droit, comme étant la première dame de la Nouvelle-France.

Elle rejeta son voile en arrière, afin que chacun put la bien voir. Elle voulait exciter la jalousie des femmes et l’admiration des hommes en se montrant, mollement appuyée sur le bras de Bigot qu’elle regardait dans les yeux avec une adorable effronterie, en gazouillant de la façon la plus charmante…

XII.

Elle comprenait qu’elle n’avait qu’un moyen de réussir dans son projet : rendre l’Intendant fou d’amour. Aussi avec quel art, quelle habileté, quelle apparence de passion elle lui peignit son âme, ses espérances brisées, ses désespoirs inconsolables… Il fut plus d’une fois sur le point de lui demander sa main, et pourtant il était accoutumé à ces luttes de l’amour.