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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/451

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CHAPITRE XXXIII.

QUE LA DANSE CONTINUE !

I.

Bigot aimait la variété dans les plaisirs. Sa volupté n’était pas sans exigence, et il se lassait vite d’une jouissance, si ardente qu’elle fut. Il vit Angélique s’en aller, toute souriante au bras de De Péan, quelques instants après la danse, et il en éprouva de la satisfaction. Il dit à Cadet qui se trouvait près de lui dans la petite chambre :

— Après tout, il ne me déplaît pas de m’éloigner un peu des femmes et de me montrer homme.

Cadet l’approuva.

Il était là, Cadet, avec deux ou trois amis, à conter des histoires piquantes et à rire à gorge déployée, sur le compte des dames qui se risquaient à passer devant leur porte.

Angélique, par ses pressantes instances pour faire enfermer à la Bastille l’infortunée Caroline, avait quelque peu fatigué Bigot ; elle l’avait un peu désenchanté même.

Elle passa, et, avec son mouchoir, lui fit un coquet salut.

— Pour les beaux yeux de cette fille, pensa-t-il, je couperais la gorge à n’importe quel homme ; mais qu’elle ne me demande plus de faire du mal à cette pauvre captive de Beaumanoir. Par saint Picot ! elle est assez malheureuse déjà ; je ne veux pas qu’Angélique la torture à son tour.