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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/452

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le chien d’or

Il se tourna vers Cadet et ajouta tout haut :

— Hélas ! que les femmes se montrent impitoyables les unes pour les autres !

Cadet, tout rouge d’indignation déjà, lui répondit :

— Impitoyables, dites-vous, Bigot ! Prenez tous les chats de Caen et vous n’aurez pas encore assez de griffes pour déchirer comme les ongles d’une femme jalouse !… et comme la langue donc !

— Et ma foi ! reprit Bigot en riant, je crois qu’elles sont toutes un peu jalouses ou envieuses.

— Envieuses ou jalouses ! Dites envieuses et jalouses ! Elles ont les deux qualités. Dans leur sotte affection, elles sont là près de vous qui roucoulent, minaudent, caressent ; dans leur dépit, elles crient, menacent, égratignent jusqu’au sang. La fable de la femme qui saute en bas de la couche nuptiale pour aller prendre une souris est superbe. Cette femme avait été chat, dit le spirituel Ésope…

II.

— Tous les chats de Caen réunis n’auraient pas une griffe comme Pretiosa, n’est-ce pas, Cadet ? fit l’Intendant en jetant un éclat de rire.

Il faisait allusion à une aventure dont Cadet s’était tiré comme Fabius, distinctda tunicâ. Pretiosa était un exemple de ce que peut faire la griffe d’une femme jalouse. Cadet, qui se glorifiait de toutes les hontes, trouva l’histoire bien drôle.

— Sauve qui peut ! ajouta-t-il, en se tenant les côtés pour rire plus à son aise… J’ai laissé quelques uns de mes cheveux en souvenir, mais il m’en reste encore. Ma tonsure improvisée était presque aussi belle que celle de l’abbé de Reims. Attendez, Bigot, vous allez voir ce que c’est. Si votre Pretiosa vous attrape quand vous serez en train de vous ruiner… Ne me tiraille pas, Martel, tu es saoul ! Bigot ne se choque pas de ce que nous disons.

Il s’adressait à un de ses compagnons qui craignait de déplaire à l’Intendant.

Or, avec ses intimes, Bigot était le plus libre et le