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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/458

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le chien d’or

ainsi, madame, nos petites filles marcheront sur la terre comme des anges sur les nuages, et non pas à la façon des chevaux de course, comme Angélique des Meloises.

Pendant que madame de Grand’maison moralisait ainsi, ses filles faisaient de leur mieux pour copier la belle Angélique.

VI.

Comme pour jeter le défi aux deux matrones, ou se moquer d’elles, Angélique passa sous leurs yeux vive et palpitante, la main sur l’épaule de Péan, aux accords d’une musique de plus en plus entraînante.

Elle avait une raison pour danser avec de Péan, et elle dissimulait à merveille son dégoût, sous les sourires et les œillades, sous les badinages et les plaisanteries. Si Le Gardeur se fut trouvé là, au bal, tant de bonne humeur n’aurait surpris personne.

— Chevalier, dit la capricieuse fille, en réponse à une parole galante, la plupart des femmes mettent leur honneur à se sacrifier pour celui qu’elles aiment ; moi je préfère sacrifier celui que j’aime. Mon amour se mesure d’après ce qu’il reçoit et non d’après ce qu’il donne… c’est un aveu candide, n’est-ce pas ? mais vous aimez la franchise. Je le sais.

La franchise et le chevalier de Péan ne se connaissaient guère ; mais le chevalier était désespérément épris d’Angélique et il pouvait tout souffrir de sa part.

— Vous avez quelque chose à me demander ? répliqua-t-il, tout excité ; parlez, j’empoisonnerais ma grand’maman, s’il le fallait, pour obtenir le prix que je convoite.

— Oui, mais ce n’est pas la mort de votre grand’mère que je veux… Dites-moi pourquoi vous avez permis à Le Gardeur de Repentigny de sortir de la ville.