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le chien d’or

De Péan n’aimait pas à l’entendre parler de Le Gardeur. Il fit une grimace :

— Je n’ai pas permis à Le Gardeur de laisser la ville, répondit-il, J’aurais bien voulu le garder ici. L’Intendant de même aurait bien voulu le retenir. Il a absolument besoin de lui. Il nous a été filouté par sa sœur et le colonel Philibert.

Angélique reprit méchamment.

— Je ne prendrais pas la peine de me boucler un cheveu pour venir à un bal où n’est pas Le Gardeur. Chevalier, promettez-moi de le ramener ici, ou je ne danserai plus avec vous.

Elle rit d’un si bon cœur en disant cela, que celui qui ne l’aurait pas connue aurait pensé qu’elle plaisantait. De Péan serra les dents avec rage et renouvela sa grimace.

— Je ferai mon possible, mademoiselle, pour le faire revenir, répondit-il ; je ferai mon possible ! L’Intendant veut le voir pour les affaires de la Grande Compagnie et il lui a envoyé plus d’un message déjà.

— Je me soucie bien de la Grande Compagnie, moi ! dites-lui que je désire qu’il revienne. Si vous êtes galant, c’est à moi que vous allez obéir et non à l’Intendant…

Angélique ne partageait son autorité avec personne, et celui qui voulait la servir devait se donner à elle corps et âme.

Elle était, ce moment-là, tout à fait indépendante, tout à fait volontaire.

Son rire était l’expression d’un ardent ressentiment, plutôt que d’une gaieté sincère. Bigot l’avait humiliée en lui refusant une lettre de cachet, il l’avait froissée et elle se vengeait en rappelant Le Gardeur.

VII.

— Pourquoi désirez-vous le retour de Le Gardeur ? demanda de Péan, d’une voix hésitante.