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CHAPITRE XXXV.

LA CORRIVEAU.

I.

Les dernières années du règne de Louis Quatorze, règne si long, si plein de gloire et d’infortunes ! furent déshonorées par la corruption des mœurs et marquées du signe fatal de la décadence. Des crimes de toutes sortes se commettaient chaque jour, mais l’empoisonnement surtout jetait la terreur dans la population. C’est qu’il avait atteint le raffinement d’un art cultivé avec amour, et que la science lui prêtait ses lumières.

Antonio Exili, un Italien, avait, comme beaucoup d’autres alchimistes de cette époque, passé plusieurs années à chercher la pierre philosophale et l’élixir de la vie. Mais à force d’essayer à changer en or les métaux communs, il tomba dans la misère. La nature de son travail le conduisit toutefois à étudier sérieusement les poisons et leurs antidotes. Il fréquenta les grandes universités et les écoles célèbres du continent, puis vint terminer ses études sous un fameux chimiste Allemand nommé Glaser.

Mais ce fut une femme, Béatrice Spara, de Sicile, qui lui révéla le terrible secret de l’aqua tofana et de la poudre de succession. Il fut lié avec cette femme, une de ces incompréhensibles créatures dont l’amour des plaisirs ou du pouvoir n’est égalé que par la cruauté avec laquelle elles se débarrassent de tout ce qui les gêne. Béatrice Spara avait reçu, comme un héritage lointain et maudit, des antiques