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le chien d’or

deux — des soins spirituels et temporels qu’il fallait donner aux pauvres et particulièrement aux pauvres dont la dame de Tilly avait à répondre devant Dieu et le roi.

IX.

Elle songeait aux étranges incidents de ce matin là, quand le bruit d’une voiture éveilla son attention. Une calèche, tirée par deux chevaux fougueux attelés en flèche, franchit la porte Saint-Jean et roulant avec rapidité, vint s’arrêter tout à coup auprès d’elle. Une jeune fille, habillée suivant la mode capricieuse de l’époque, remit les guides au cocher, sauta de la calèche avec l’aisance et l’agilité d’une gazelle, puis monta sur le rempart en jetant dans un cri joyeux et clair le nom d’Amélie. Mademoiselle De Repentigny reconnut aussitôt la voix argentine de la gaie, de la belle Angélique Des Meloises. Angélique embrassa son amie avec la plus vive affection, l’assurant qu’elle était bien heureuse de la rencontrer à la ville d’une manière si inattendue. Elle avait su que Madame De Tilly était à Québec, et elle avait saisi la première occasion favorable pour voir sa chère amie, son ancienne compagne de couvent et lui raconter toutes les nouvelles de la ville.

— Quelle bonté de ta part, Angélique ! répliqua Amélie, rendant avec chaleur, mais sans effusion, le baiser de l’amitié ; nous sommes venues tout simplement avec nos gens prendre part à la corvée du roi. Quand l’ouvrage sera terminé nous retournerons à Tilly. J’étais certaine que je te rencontrerais et je me disais que je te reconnaîtrais aisément ; cependant j’hésite un peu. Comme tu as changé depuis que tu as laissé le costume du couvent ! mais tu as changé pour le mieux…

Amélie ne pouvait s’empêcher d’admirer la beauté radieuse de la jeune fille.

X.

— Comme te voilà belle ! ajouta-t-elle… mais que