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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/482

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le chien d’or

Ni le médecin, ni le curé ne purent comprendre sa maladie ou deviner la cause de sa mort.

Corriveau, devenu veuf, convola avec sa servante. Il mourut, aussi lui, dans un espace de temps bien court. Il laissait tous ses biens à sa femme. Il lui laissait aussi une petite fille qui était le portrait fidèle de sa mère.

Marie Exili, la veuve Corriveau, se consola de ses splendeurs passées et de l’amitié des grands de la cour, dans la paix profonde de sa retraite, et dans l’affection sincère de sa fille. La petite Marie Josephte avait l’instinct du mal, et elle surprit peu à peu tous les secrets que l’amour maternel aurait voulu taire.

Elle apprit à composer des poisons comme son aïeul Exili, et à faire des sortilèges comme la La Voisin, sa grand’mère.

Elle se fit raconter plus d’une fois la mort de cette sorcière, et il lui semblait alors qu’elle sentait les morsures des flammes qui montaient du bûcher vengeur, et elle se sentait prise de rage contre la société qu’elle accusait d’injustice.

Sortie d’une pareille source, en possession de si terribles secrets, Marie Josephte Corriveau ne pouvait guère ressembler aux naïves paysannes de son village.

VII.

Les années suivirent les années, la jeunesse s’envola, et la petite fille d’Exili demeura seule et solitaire à son foyer déjà redouté. Elle se consumait dans l’ennui.

Alors, il circula dans la paroisse une rumeur étrange : il y avait un trésor quelque part et la Corriveau savait où le trouver. Elle seule le savait. C’était elle, la rusée commère, qui avait lancé cette menteuse rumeur. Le truc réussit.

Un habitant un peu simple et fort cupide, Louis Dodier, crut faire preuve de flair et de tact en épousant la femme qui possédait un tel secret.