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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/487

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le chien d’or

donc ! continua-t-elle, en relevant le bord de sa robe pour montrer un pied gentiment fait, mais trempé jusqu’à la cheville, voyez donc ! Ils devraient savoir qu’il y a de la différence entre leurs squaws boucanées et une fille de la ville. Si elles ne valent pas la peine qu’on se dérange pour elles, nous, c’est différent ! Mais ces sauvages ne sont bons qu’à tuer des chrétiens ou à se faire tuer. J’aimerais autant faire la révérence à un ours qu’à un indien.

Les sauvages laissèrent tomber sur son pied humide un regard, profondément indifférent, prirent leur pipe, s’assirent sur le bord du canot et se mirent à fumer en silence.

— Vous pouvez vous en retourner, leur dit Fanchon, sèchement. Je reste ici ; je ne remonte pas avec vous autres. Je prie le bon Dieu qu’il vous blanchisse ! C’est toujours bien comme rien d’attendre quelque chose de bon d’un sauvage.

— Marie-toi avec moi, sois ma squaw, Ania, répliqua l’un des canotiers en riant finement, le bon Dieu blanchira nos pappooses (enfants) et leur donnera les belles manières des visages pâles.

— Ouais ! je ne t’épouserais pas pour tout l’or du roi ! Comment ! prendre un sauvage pour porter les fardeaux comme Fifine Pérotte ! j’aimerais mieux mourir ! je te trouve bien hardi, Paul La Crosse, de me parler de mariage. Retourne à la ville. Je n’oserais plus remettre les pieds dans ton canot. Il fallait du courage pour y venir d’abord ; mais c’est mademoiselle qui vous a choisis, ce n’est pas moi. Je ne vois pas pourquoi, lorsque les frères Belleau, les plus beaux garçons de Québec, étaient là, à flâner sur la batture avec leur embarcation.

XII.

— Ania est la nièce de la vieille femme à la médecine, qui reste à Saint Valier, dans le wigwam de pierre. Elle va la voir, hein ? demanda l’autre indien avec un brin de curiosité.

— Oui, je m’en vais voir ma tante Dodier : pour-