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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/52

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CHAPITRE IV.

CONFIDENCES.

I.

Angélique prit Amélie par le bras, avec cette douce familiarité d’autrefois, et l’entraîna au coin d’un bastion ruisselant de soleil, où gisait un canon démonté. On voyait, par l’embrasure, comme un paysage encadré dans une pierre massive, la large pente de verdure que couronne Charlebourg.

Les deux jeunes filles s’assirent sur le vieux canon. Angélique tenait dans ses mains les mains d’Amélie, comme si elle avait hésité à lui confier le secret de son âme. Puis, quand elle eut parlé, Amélie vit bien que sa bouche n’avait pas dit tout ce que sa pensée renfermait.

— Nous sommes bien seules, Amélie, commença-t-elle, nous pouvons nous parler à cœur ouvert comme au temps où nous étions écolières. Tu n’es pas venue à la ville cet été, et tu as perdu tous les amusements.

— Je ne les regrette pas, répondit Amélie. Vois donc comme la campagne est belle, ajouta-t-elle en plongeant, à travers l’embrasure, un regard enthousiasmé sur les champs verdoyants et les magnifiques bois qui bordent la rivière Saint-Charles. Combien il est plus agréable d’être là, à s’ébattre parmi les fleurs et sous les arbres ! J’aime autant aller à la campagne que la voir à distance, comme vous la voyez, vous, gens de Québec.

— Moi, je me soucie peu de la campagne, répliqua