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le chien d’or

qu’il m’ait dit un mot. Tout ce qu’il voulait, c’était le suprême plaisir de m’entendre chanter tes louanges sur l’air solennel qu’il avait composé lui-même.

— Et c’est bien ce que tu as fait, Angélique ?

— Aussi mélodieusement que mère Saint-Borgia des Ursulines, quand elle chante les vêpres, répondit l’espiègle, la légère jeune fille.

III

Amélie savait combien les reproches seraient inutiles. Elle refoula les émotions diverses qui lui arrachaient des larmes, et changeant par un violent effort le sujet de la conversation, elle demanda à mademoiselle Des Meloises si elle avait vu Le Gardeur depuis peu.

— Je l’ai vu au lever de l’Intendant, l’autre jour, répondit celle-ci. Comme il te ressemble ! seulement, il est moins aimable que toi.

Angélique n’avait pas répondu sans embarras à la question de son amie.

— Moins aimable que moi ? reprit Amélie, alors ce n’est pas mon frère… Pourquoi dis-tu qu’il est moins aimable que moi ?

— Parce qu’il s’est fâché contre moi, au bal qui a eu lieu pour fêter l’arrivée de l’Intendant, et que depuis lors je n’ai pas été capable de le ramener complètement.

— Oh ! alors Le Gardeur est un autre héros, le troisième qui ne s’est pas laissé vaincre par tes charmes.

Amélie éprouvait une secrète satisfaction de cette brouillerie entre, son frère et Angélique.

— Pas du tout, Amélie, répliqua Angélique ; je ne mets pas Le Gardeur dans la même catégorie que mes autres admirateurs. Lui, il s’est trouvé froissé de ce que je semblais le négliger un peu pour cultiver mieux le nouvel Intendant. Le connais-tu le nouvel Intendant ?

— Non, et je ne tiens pas à le connaître, j’ai entendu dire bien des choses qui ne sont pas à son