Aller au contenu

Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
le chien d’or

Amélie s’approchait toujours de son amie ; elle lui saisit les mains par un mouvement involontaire et spontané. Angélique suivait avec attention le développement de cette nouvelle ivresse. Elle répondit :

— Il m’a demandé tout ce qu’un gentilhomme peut convenablement demander au sujet d’une femme.

— Et que lui as-tu dit ?

— Pas la moitié de ce qu’il aurait voulu savoir. Je t’avoue que j’étais joliment froissée de me voir interrogée comme une pythonisse sur les mystères qui t’enveloppent. J’éprouvais une horrible satisfaction à irriter sa curiosité. Pourtant, j’ai porté jusqu’aux nues ta beauté, ta bonté et ton intelligence. Je n’ai pas trahi la vieille amitié, Amélie……

Et elle mît un baiser sur la joue rose de mademoiselle de Repentigny,

Amélie l’accepta volontiers, en silence : un instant auparavant, elle l’eut refusé avec indignation.

— Non, ce n’est pas cela, répliqua-t-elle, d’un ton de doux reproche, raconte-moi ce que le colonel a dit de lui-même ; qu’il ne soit plus question de moi.

— Mon Dieu ! que tu es impatiente ! Il n’a rien dit de lui-même : il était trop absorbé par mes confidences. Je lui parlais de toi. Je lui ai brodé une fable tout aussi jolie que « L’avare qui a perdu son trésor » du bon Lafontaine. Je lui ai conté que tu étais une belle châtelaine assiégée par une armée d’adorateurs, mais insensible à tous les hommages, et attendant toujours, dans l’ennui, le retour du chevalier errant, pour lui donner ta main. Le pauvre colonel, si tu l’avais vu tressaillir ! Sa cuirasse d’acier ne le protégeait plus. Je l’ai piqué au sang : tu n’aurais pas osé en faire autant, Amélie. J’ai mis à nu le secret de son cœur… Il t’aime, Amélie de Repentigny !

— Méchante, va ! pourquoi as-tu fait cela ? Comment as-tu osé parler ainsi de moi ? Que va penser de moi le colonel ?

— Le colonel ? Il pense que tu es la perfection de ton sexe. Son opinion à ton égard était formée avant