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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/6

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VI
pourquoi le chien d’or

2o Nous avons voulu faire apprécier par nos littérateurs l’admirable parti qu’un homme, qui pourtant n’a ni notre foi, ni nos sentiments nationaux, et dont la langue maternelle est la langue anglaise, a su tirer d’une courte période de notre histoire.

Quelles sources d’inspirations poétiques, quelle mine précieuse de faits et d’aventures chevaleresques, l’histoire du Canada ne met-elle pas à leur disposition ! Quelle richesse inépuisable de matériaux il y a là, pour bâtir une littérature canadienne égale, sinon supérieure, à celle de tout autre peuple !

3o Le livre de Mr. Kirby, bien qu’il soit loin d’être parfait au point de vue de l’idée religieuse, nous paraît offrir aux littérateurs catholiques du Canada et même de la France et autres pays, un enseignement remarquable et un exemple précieux : lorsque lui, protestant, sait trouver tant d’inspiration poétique dans le trésor inestimable de notre foi, dans le sentiment catholique et les actes qu’il produit, tant de tableaux gracieux, tant de récits touchants, tant de sublime et de grandiose dans la pratique journalière de nos coutumes religieuses et les solennités de notre culte ; lorsque la douce piété, le dévouement inaltérable à leur religion de certains personnages du livre ; lorsque les psalmodies, la prière, le bénédicité, le son des cloches, les stances sublimes de l’angelus, les élévations du cœur à Dieu, y reviennent en quelque sorte à chaque page comme un mélodieux refrain, certains écrivains catholiques du Canada ne devraient-ils pas voir combien ils ont tort de singer quelquefois le scepticisme de la plupart des littérateurs français de nos jours ?

Hélas ! le persiflage irréligieux de Voltaire et de son école a fait prévaloir dans la littérature de notre mère-patrie un respect humain aussi sot que ridicule. On n’ose plus guère y laisser voir le sentiment religieux, ce sentiment qui pourtant doit être de tous les instants, ce sentiment vital qui appartient à la nature de l’homme tout comme les pulsations du cœur ; qui est essentiel à la vie de l’âme, comme la respiration l’est à la vie du corps. Oui, ce sentiment essentiel, on le cache, on le dissimule, de peur de passer pour hypocrites. Et ce lâche et inepte respect humain a, il faut bien le reconnaître, désastreusement envahi le Canada français.

La France catholique est encore, Dieu merci, au premier rang des nations civilisées, par la science, l’inspiration et le génie littéraire de ses auteurs catholiques. Mais combien n’est pas grande,