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VII
traduit en français

numériquement, la majorité des auteurs français qui non seulement ne sont plus catholiques, mais qui semblent bannir l’idée chrétienne de leurs livres !

Et ce qui est vrai des ouvrages sérieux, l’est à plus forte raison de la littérature légère surtout du roman-feuilleton.

À part le groupe des écrivains remarquables dont Féval converti est, croyons-nous, la personnification la plus glorieuse, et dont De Lamothe, Buet, de Navery, de Chandeneux, Fleuriot, et à peine une douzaine d’autres forment la valeureuse cohorte ; il fauf compter par centaines les auteurs dont les livres offrent à peine quelques lueurs de vérité chrétienne. Et malheureusement, ceux qui vont jusqu’à bannir de leurs ouvrages toute idée de Dieu, tout principe de morale chrétienne sont peut-être encore plus nombreux.

Les romans de doctrine saine et qui sont chrétiens par l’esprit qui les animent sont encore très appréciés au Canada ; mais il n’y a pas à se le dissimuler : l’expérience de chaque jour est là pour constater que parmi les lecteurs de feuilletons, neuf sur dix préfèrent Richebourg à Féval, de Navary, ou de Lamothe. C’est la littérature malsaine qui fait la fortune de certaines feuilles dont rien autre chose ne saurait soutenir la popularité.

Dans notre presse, on en est arrivé à ne pouvoir plus guère exprimer un sentiment religieux, même à ne plus pouvoir rendre hommage à la vérité, à l’honneur, à l’honnêteté, sans provoquer en certains lieux, ces niaises facéties : « saint homme ! » « saint journal ! » « hypocrites ! » « cagots ! » etc. Et ces hideuses guénilles littéraires déjà usées il y a un siècle, sont ramassées de la boue séculaire où elles ont traîné, par des écrivains soi-disant catholiques, qui ont le courage d’en faire une parure grotesque à leurs écrits. Beaucoup de ces hommes ne sont pas notablement anti-chrétiens ; mais pour eux, toute expression du sentiment religieux ne doit pas dépasser la mesure étroite où ils ont jugé à propos de l’emprisonner. Leur conduite à eux est le criterium qu’ils entendent imposer au monde catholique.

Celles-là seulement des vérités qu’ils jugent à propos de proclamer sont opportunes, et il n’y a de pratiques religieuses justifiables que celles auxquelles ils daignent se livrer, Tout homme qui veut professer la vérité ou pratiquer la piété catholique dans une plus grande mesure qu’eux, sont nécessairement des hypocrites. Et c’est ainsi que leur caprice et leur tyrannie n’admettent pas les pratiques si