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le chien d’or

oiseau sauvage vint murmurer, à ma fenêtre, un étrange refrain :

Gare à toi ! gare à toi ! chantait-il. L’Intendant dans une partie de chasse avec des Hurons de Loretta, a trouvé, au milieu de la forêt de Beaumanoir, une femme aussi belle que Diane. Gare à toi ! gare à toi !

Elle était accompagnée par des chasseurs d’une tribu étrangère, des Abénaquis de l’Acadie… Gare à toi !

Elle était épuisée de fatigue et endormie sur un lit de feuilles sèches, à l’ombre d’un arbre épais. Les indiens de Lorette conduisirent l’Intendant auprès d’elle. Gare à toi ! gare à toi !

Amélie étonnée voulut parler.

— Ne va pas m’interrompre, dit-elle, en lui serrant les mains contre son cœur, et elle continua :

L’Intendant parut stupéfait à la vue de cette femme. Il se mit à parler avec animation aux Abénaquis, dans leur langage que les Hurons ne comprenaient point. Les Abénaquis avaient à peine répondu quelques mots qu’il se précipita vers l’étrangère, en l’appelant par son nom : Caroline ! Caroline ! Elle s’éveilla soudain, reconnut l’Intendant : François ! François ! s’écria-t-elle, et elle s’évanouit. Gare à toi ! gare à toi !

Le chevalier était profondément troublé, il bénissait et maudissait à la fois le hasard qui lui avait fait rencontrer cette femme. Il la réconforta en lui faisant boire du vin, et s’entretint longtemps avec elle. Parfois la conversation prenait une tournure irritée, mais à la fin les Hurons qui entendaient le français, purent comprendre aux accents désespérés de cette femme, que, pour rien au monde, elle ne suivrait l’Intendant, dût-il la tuer et l’enterrer là… Gare à toi ! gare à toi !

VII.

Angélique prit à peine le temps de respirer.

— Dominé par l’amour, continua-t-elle, l’Intendant donna quelques pièces d’or aux Abénaquis, et les fit