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le chien d’or

beau dire, c’est là qu’il faut aller pour bâcler de bons marchés… Mais qui sont ceux-là qui nous arrivent ?

Elle regarda à travers sa main demi-fermée, comme dans une lunette.

III.

Une bande de vigoureux garçons descendait au bord de la rivière pour se faire traverser.

— Ce sont de braves habitants de Sainte-Anne, observa Jean, je les connais : ils vont à la corvée aussi et passent sans payer, tous, jusqu’au dernier. Je vais les traverser en criant : Vive le roi ! Une belle affaire ! Vaut autant aller se promener que travailler pour rien.

Jean sauta lestement dans le canot et les nouveaux venus le suivirent en plaisantant sur son surcroît de besogne.

Jean supporta gaiement leurs plaisanteries, se mit à rire, riposta de son mieux et, plongeant ses rames dans l’eau paisible, fit vaillamment sa part de la corvée du roi en débarquant sains et saufs sur l’autre bord ses nombreux passagers.

IV.

Dans le même temps l’officier qui venait de traverser la rivière courait à toute vitesse, sur la route longue et droite qui conduisait à un groupe de blanches maisons sur la pente de la colline. Du clocher de la vieille église qui dominait ces maisons, s’envolaient dans l’air frais de la matinée les mélodieux tintements des cloches.

Le soleil versait sur la campagne des flots de lumière dorée, et de chaque côté de la route des gouttes de rosée scintillaient encore sur les rameaux des arbres, les feuilles des plantes et les pointes du gazon. C’était, pour saluer le lever du roi du jour, un déploiement extraordinaire de richesses et de joyaux.

Jusqu’au loin s’étendaient, sans haies ni clô-