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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/76

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le chien d’or

IX.

Maître Pothier écrivait le contrat de mariage de Zoé, la charmante jeune fille que nous avons vue tout à l’heure avec Antoine Lachance, le garçon d’une veuve à l’aise de Beauport, et pendant qu’il écrivait les stipulations que lui dictait dame Bédard, son nez pointu et enluminé touchait presque la feuille.

Dame Bédard savait adroitement profiter de l’occasion. Le notaire avait passé la nuit à la Couronne de France ; il ne fallait donc pas manquer de lui faire préparer le contrat de mariage. Mme Lachance, la mère d’Antoine n’était pas présente ; mais tant mieux ! car elle n’aurait pas manqué de s’opposer à certaines conditions importantes, et la fortune et la main de Zoé ne se donneraient qu’à ces conditions cependant.

— Voilà, madame Bédard, s’écria Maître Pothier en mettant sa plume derrière son oreille, après avoir ornementé le dernier mot d’un fion superbe. Salomon, s’il se fut marié avec la reine de Saba, aurait voulu faire écrire un pareil contrat. Un douaire de cent livres tournois, deux vaches, un lit de plumes, une couchette, un coffre plein de linge… Une donation entre vifs.

— Une… quoi ? Attention, maître Pothier ! Est-ce bien là la chose ? le vrai mot du grimoire ? fit dame Bédard qui sentait bien que là se trouvait le nœud du contrat. Vous savez que je ne donne que conditionnellement.

— Parfaitement ! parfaitement ! soyez tranquille, madame, j’ai fait une donation entre vifs, révocable pour cause d’ingratitude, si votre futur gendre manque à ses obligations envers vous ou mademoiselle Zoé.

— Et il ne peut remplir ses devoirs envers ma fille s’il ne les remplit à mon égard. Mais êtes-vous bien sûr que les termes sont assez forts ? Tenons-nous si bien Mme LaChance qu’elle ne puisse révo-