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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/83

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CHAPITRE VI.

BEAUMANOIR.

I.

Ils chevauchaient en silence. Un peu plus loin que le village de Charlesbourg, ils entrèrent dans la forêt de Beaumanoir par un sentier large et bien battu où pouvaient passer chevaux et carrosses.

Ils comprirent que l’affluence des visiteurs au château était d’ordinaire assez considérable.

Les rayons du soleil pénétraient à peine la mer de verdure qui se berçait au-dessus de leurs têtes ; le sol était jonché de feuilles, souvenirs des étés passés ; les molles fougères formaient bouquets autour des troncs déracinés ; mille petites fleurs étincelaient près des herbes St-Jean, dans les coins ensoleillés, tandis que les grands pins verts et sombres versaient aux voyageurs leurs senteurs résineuses et leur vivifiante fraîcheur.

Un petit ruisseau se montrait d’espace en espace, sous les bois, chantant avec timidité pour les grandes herbes qu’il arrosait, et sur ses bords étroits fleurissaient l’anémone d’argent, le muflier et les campanules de la flore boréale.

Le colonel Philibert n’oubliait pas les dangers qui menaçaient la colonie et le motif sérieux qui l’appelait en hâte à Beaumanoir ; cependant, il jouissait des délices de la forêt, regardait l’écureuil sauter d’un arbre à l’autre, et prêtait l’oreille aux gazouillements des oiseaux cachés dans le