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le chien d’or

feuillage. Il allait vite et quand il se vit sur la bonne voie il eut bientôt devancé son guide.

— C’est un chemin tortueux que ce chemin de Beaumanoir, dit-il à la fin, en retenant son cheval pour permettre à maître Pothier de le rejoindre. Il est aussi embrouillé que le code. J’ai de la chance tout de même d’avoir, pour me guider, un notaire habile comme vous.

— Pour vous guider ? mais c’est votre honneur qui bat la marche ! Oui, le chemin qui mène à Beaumanoir est aussi compliqué que le meilleur acte passé par un notaire ambulant.

— Vous n’allez pas souvent à cheval, maître Pothier, dit Philibert qui entendait geindre le notaire, péniblement cahoté par sa vieille rosse.

— À cheval ? N… non ! Dame Bédard pourra bien m’appeler le plaisant Robin, si jamais elle me reprend à monter sur ses chevaux de louage.

— Pourquoi, maître Pothier ?

Philibert commençait à s’amuser des manières de son guide.

— Pourquoi ? parce que, si j’avais marché aujourd’hui, j’aurais pu marcher demain. Maintenant, c’est fini, grâce à ce bourriquet. Hune ! hanc ! hoc ! Il n’est bon qu’à faire un professeur de latin. Hoc ! hanc ! hunc ! Je n’ai pas décliné mes pronoms depuis que j’ai laissé par accident le collège de Tours ; non ! Hunc ! hanc ! hoc ! je vais être réduit en compote. Hunc ! hanc ! hoc !

II.

Philibert s’amusait bien des réminiscences classiques de son guide, mais il craignait qu’il ne tombât de cheval, car il se tenait comme une fourche plantée dans une botte de foin. Il s’arrêta un instant pour lui permettre de prendre haleine et de se reposer.

— J’aime à croire, lui dit-il, que le monde apprécie mieux votre science et vos talents que ne le fait ce vilain bidet.

— C’est bien de la bonté, de votre part, de vous